Sur des chemins escarpés jusqu’à l’aridité de la pierre, André du Bouchet a délivré l’espace autour des mots en de grandes traînées sur les pages ou dans l’éclatement des mots dispersés comme poussières qui dansent sur les arêtes de l’air. Assuré de l’étrangeté de sa propre langue emportée au dehors, il n’a cessé de creuser « le papier comme une seconde terre ». De cette écriture du souffle projeté à la naissance du silence, il a noté les coups de dés dans de modestes carnets qui l’ont accompagné vers ces chemins qui ne mènent nulle part.
Météore
L’absence qui me tient lieu de souffle recommence à tomber sur les papiers comme de la neige. La nuit apparaît. J’écris aussi loin que possible de moi.
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Relief
Aujourd’hui la lampe parle
elle a pris une couleur
violente
tout éclate et rayonne
et sert
jusqu’aux miettes
la soucoupe blanche
que je vois sur la table
que l’air modèle
la vérité morte
froide
vivante maintenant
et sans arrêt
à voix haute.
© Nicolas de Staël